Séminaire « Dialogues interdisciplinaires : arts plastiques et sciences de la nature »

Cette programmation annuelle, proposée par l’institut ACTE à l’Ecole des arts de la Sorbonne (Paris), réunit des chercheurs de divers statuts et champs disciplinaires autour d’une question thématique correspondant à un domaine de recherche. Elle comprend six séances d’une durée de deux ou trois heures ouvertes à tous. Deux ou trois communications de 20 minutes et des échanges consécutifs nourrissent la réflexion en vue d’une publication collective.

 

PROGRAMME :

Les dates des séances mensuelles sont indicatives et susceptibles d’ajustement.

Jeudi 13 juin 2019 : Interactions

Iglika Christova, artiste et doctorante, Institut ACTE, Paris 1, et Claire Damesin, écophysiologiste – laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution (UPSud, CNRS, AgroParisTech) : Co-dépendance entre les connaissances scientifiques rationnelles et une relation sensible à l’arbre.

Cette présentation s’appuiera sur le projet interdisciplinaire À l’intérieur de l’arbre (2018-2019) qui, – comme le laisse sous-entendre son titre –, propose une plongée dans le microcosme des tissus internes de plusieurs espèces d’arbres. Un dialogue entre les approches microscopiques scientifiques et l’imaginaire traduit par le dessin, permettra l’exploration du monde caché sous l’écorce et révélera sa plasticité cellulaire. Bien que les langages artistiques et scientifiques sont très différents, à travers l’étude du microcosme des arbres, s’ouvre peut-être une nouvelle voie commune d’accès à l’invisible. Cette dernière, prend comme point de départ la rencontre entre les connaissances scientifiques dites « rationnelles » et le rapport sensible à l’arbre. Comment s’opère alors la dynamique d’une telle rencontre ? Que fait-elle émerger ? Pourrait-elle, et sous quelles conditions, évoluer vers une forme de codépendance nécessaire pour accéder à une certaine réalité ? Nous nous demanderons alors, comment cette recherche au croisement de l’art et de la biologie pourrait nous conduire à proposer, de nouvelles hypothèses et orientations scientifiques.

Pascale Weber, artiste, EC arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1: L’eurythmie des plantes / Projet artistique en développement : Germination Germinations et plasticité du vivant Hantu(weber+delsaux).

Initiée par Rudolphe Steiner, l’Eurythmie ou l’Eurythmie Thérapeutique repose sur les sonorités du langage ; chaque son naît d’un mouvement différent et est traduit par un geste spécifique. Art du mouvement qui rappelle certaines anciennes traditions de danse sacrée, l’Eurythmie prétend stimuler et orienter les forces de vie, aussi bien celles de plantes que celles de l’être humain.
Des scientifiques s’intéressent actuellement à l’influence de l’Eurythmie sur la croissance et la fructification de certaines plantes. Le duo Hantu a réalisé plusieurs performances phonoplastiques après avoir enregistré la forme atmosphérique que prend l’air exhalé lors de la prononciation des phonèmes. Performances «chantées», qui mettent en scène l’interaction entre la plante et le corps humain et la relation entre des sonorités chantées et des images en stop-motion de la germination de graines, mises en situation du corps dans divers espaces les relations humain-plante, performances participatives associant des plantes ou des graines germées pour explorer la possibilité d’une interrelation empathique humain-plante constituent le champ de recherche sur les germinations et la plasticité du vivant.

Mercredi 09 mai 2019 : Racines

Sébastien Barot, écologue IRD, directeur de recherche IEES : Introduction à l’écologie des sols

Un bref aperçu de ce qui est étudié en écologie des sols et des écosystèmes, en prenant l’exemple des vers de terre (et de leurs effets sur la croissance des plantes) précèdera l’exposé de travaux sur la Savane de Lamta en Côte d’Ivoire (relations herbe-arbre, impact…). Dans un 2nd temps, seront abordées les activités de photographe de nature amateur, le lien existant entre ces activités, le travail de chercheur et la relation à la nature de Sébastien Barot.

Elisabeth Amblard, artiste, EC arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1 : Prendre racines : l’in situ et l’in vivo à l’oeuvre

Partant de l’expérience de deux expositions dans des sites remarquables, l’Abbaye de Saint-Maurice de Clohars-Carnoët (Finistère Sud – 2015) et le Musée de la Vénerie de Senlis (Oise – 2017), sont envisagés les liens qui s’établissent entre des artefacts et les milieux qui les accueillent, comment, en affinité, les uns se conçoivent de l’observation mûrie du développement végétal, organique, pour se laisser acclimater par des espaces peuplés de vies autochtones.

Laurence Gossart, artiste et doctorante, Institut ACTE, Paris 1 : Végétal et éléments naturels, dessiner, une poïétique de l’attention

Si les recherches de Laurence Gossart l’ont conduite à travailler sur les représentations dessinées des racines dans l’iconographie botaniste traditionnelle – dont nous verrons quelques images-, il sera ici question de montrer comment le champ artistique contemporain s’est emparé de cette partie invisible et mystérieuse de la plante. Nous nous pencherons particulièrement sur «Nymphéas Transplants » de Pierre Huyghe ainsi que sur quelques textes issus du recueil de Giuseppe Penone, « Respirer l’ombre ».

Mercredi 10 avril 2019 : Terres d’expériences

Eugénie Denarnaud, paysagiste et artiste, doctorante, LAREP, ABIES AgroParisTech : Pour une recherche-création en ethno-esthétique : pratiques de l’herborisation et de la photographie

Le processus de collecte d’éléments extraits d’un site, par documentation photographique, et celui de l’herborisation se rapprochent par de nombreux aspects. La pratique de ce prélèvement de fragments de terrain contribue à la lecture des paysages. Il sert dans ce contexte-là, à la fois de source d’information sur un espace donné et de matériau de création, relié à cet espace. C’est dans ce contexte que nous approcherons la question de ce lien, à travers deux exemples ethnobotaniques. Il fait l’objet d’un des axes de recherches de son travail de thèse en Landscapes Studies, sur le lien à la terre dans la ville de Tanger, Maroc.

Véronique Verstraete, artiste, enseignant-chercheur en arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1 : La multiplication végétative naturelle comme modèle : bulbille, stolon, rejet, rhizome comme pratiques de création

Certains aspects de la pratique de Véronique Verstraete sont constants. Ici, celui qui interroge l’unicité de l’oeuvre dans un espace et un contexte chaque fois différent est son propos. L’hypothèse consiste à commencer et se développer sur le terrain une oeuvre-mère, utiliser les différentes techniques et approches de reproduction végétative naturelle des plantes pour créer des multiples, des oeuvres identiques. Leur lien, croissance, cycle, transformation, fragmentation, les méthodes et les modèles de la nature sont autant de bases pour les travaux pratiques artistiques.

Jean-Michel Lejeune, directeur du Festival Format/paysage : La relation à la nature comme écriture, conception et expérience musicale. Le paysage, médium de l’oeuvre

S’appuyant sur son parcours de spectateur et son expérience de programmateur – pour l’essentiel de musique contemporaine, de danse et de théâtre – comme directeur d’institutions et de projets culturels, Jean-Michel Lejeune propose, à partir d’exemples, de contribuer à problématiser la relation des oeuvres et des artistes à la nature et au paysage et de montrer en quoi cette relation est bien parfois le territoire d’une écriture.

Jeudi 24 octobre : Nature et société

Rémi Beau, philosophe, chercheur postdoctoral à l’université de Bourgogne (Centre Georges Chevrier) et au Campus de la transition: Esthétique de l’ordinaire et santé écologique

Sans qu’elle fasse l’objet d’une définition stabilisée, la « santé écologique » constitue l’un des repères normatifs susceptibles d’orienter l’action dans un espace naturel. Deux types d’approches de la notion doivent néanmoins être distinguées selon qu’elles adoptent une conception objective ou subjective de la santé écologique. Quand les premières se focalisent sur la définition de critères écologiques permettant de caractériser un état de bonne santé pour un espace naturel, les secondes soutiennent que la santé écologique s’évalue également au prisme des expériences subjectives vécues dans cet espace. Je m’intéresserai ici à ces approches subjectivistes pour montrer comment quelques théoriciens de l’esthétique environnementale se sont emparés de cette question en développant une approche relationnelle de la santé écologique. Dans cette optique, j’examinerai, en particulier, l’esthétique de l’ordinaire pensée par la philosophe japonaise Yuriko Saito.

Marion Laval-Jeantet, artiste, EC arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1 : L’action militante, de la solastalgia à la résilience

La prise de conscience écologique va souvent de pair avec un effroi qui conduit bien des militants à la dépression. Cette névrose écologique, qui était encore assez rare dans les années 70, se généralise aujourd’hui au point que le philosophe australien Glenn Albrecht lui a trouvé le nom de Solastalgia. Ayant assisté à la naissance de ce concept en Australie avec beaucoup d’intérêt, MLJ abordera sa genèse, et les conclusions auxquelles sont arrivées les thérapeutes de la souffrance environnementale, et comment l’état de névrose écologique l’a menée elle-même, au sein du duo Art Orienté Objet, à produire un art de la militance qui l’a conduite vers la résilience et la transmission.

Yorghos Remvikos, EC santé environnementale, CEARC (EA4455), Observatoire de Versailles SQY : Art et Science : peut-on surmonter leur incommunicabilité et dans quel but ?

Un dialogue entre arts et science est-il possible ? Je pense avoir une idée de ce qu’est la Science, que je pratique depuis 35 ans. Ce n’est pas le cas de l’Art, que je ne comprends que comme expérience. Une autre question émerge alors : et si le problème provenait de la manière que la pensée occidentale – et seulement elle – a conceptualisé ces champs, au sein du Grand partage entre Nature et Culture ? Je passerai donc par des petites histoires d’anthropologue, au contact de peuples autochtones, issues de mon expérience ou de travaux de l’équipe à laquelle j’appartiens, pour insister sur ces manières si éloignées de la nôtre de s’insérer dans notre Monde. Du coup je me suis orienté vers le concept de Résonance, proposé par le philosophe Hartmut Rosa, comme ouverture ou exposition de notre corps au Monde qui a comme corollaire une capacité à être affecté par lui, en me demandant quels modes de présentation, quels formats, quels supports, quelles activités seraient susceptibles de la susciter ou la faciliter.

Lundi 18 novembre 2019 : Faire des liens

Bernard Guelton, artiste, EC arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1 : Formes éclatées des cabinets de curiosité au 21e siècle

Barbara Formis, EC philosophie de l’art, Institut ACTE, Paris 1 : Pour une écologie des pratiques artistiques : le geste végétal

Jeudi 12 décembre 2019 : Fictions, milieux

Diane Watteau, artiste, EC arts plastiques, Institut ACTE Paris 1 : Promenades dans un parc avec Antoine Watteau : des fissures dans la projection romanesque

Olga Kisseleva, artiste, EC arts plastiques, Institut Acte Paris 1 : Propositions d’interfaces art & science pour une communication avec le monde végétal

Agnès Foiret, EC arts plastiques, Institut ACTE, Paris 1 : Biophonie animale, pratiques du son, documentation et création : Bernie Krauze, Mattieu Delaunay